Une journée dans la vie des poissonniers

De ma fenêtre à Negril, je peux les voir revenir du large à toute heure du jour, depuis les premières lueurs de l’aube jusqu’à la nuit tombée. Je ne suis pas le seul à observer les allées et venues des embarcations de pêcheurs : Robert, le poissonnier, monte la garde lui aussi, campé sur son scooter.

Jamaïque_Photo4 (Nicolas Pelletier)
Les bateaux des pêcheurs, très tôt le matin, à White House, Westmoreland.

Les pêcheurs sont le premier jalon de tout un circuit alimentaire et économique sans lequel la Jamaïque ne pourrait pas survivre. Car jusque dans les plus petits villages, la pêche offre du travail et nourrit les communautés.

Jamaïque_Photo3 (Nicolas Pelletier)
Le marché côtier de White House, très occupé au lever du soleil.

Si la vie de pêcheur est rude et risquée, celle de poissonnier frôle l’insomnie! Surtout à la fin du mois de mars, fin de la saison de la langouste et de la conque, deux produits très populaires et rentables en Jamaïque.

Judy et Robert possèdent une poissonnerie de l’autre côté de la rue et ont bien voulu me montrer leur routine, des filets des pêcheurs aux cuisines jamaïcaines. Reportage.

[Extrait de l’émission Bien dans son assiette à Radio-Canada]

Une fois les micros éteints

Après le repas, Judy et Robert nettoient la poissonnerie et la cuisine adjacente, où ils préparent les commandes des clients, mais aussi leurs propres repas. La cuisine permet également l’accès à la cour arrière (« yard ») , où se trouve un jardin d’arbres verdoyants et une habitation modeste, à l’abri du bruit et des regards.

C’est là que le couple se repose à deux reprises, le temps de quelques heures : vers l’heure du midi, selon les arrivages, et le soir, lorsqu’ils reviennent de leur sortie quotidienne. À 29 ans, Judy aime flâner avec ses amis dans les soirées sur la plage et en ville. Robert, de dix ans son aîné, fréquente les bars et les courses de moto, très populaires dans les communautés rurales environnantes. C’est Judy qui me lance :

Je refuse d’aller dormir avant d’avoir vu autre chose que du poisson dans ma journée!

Leur emploi du temps est chargé, par choix. Comme pour s’en expliquer, Judy et Robert évoquent leur désir de vivre la vie à fond, « puisqu’on ne vit qu’une seule fois ».

Judy, croisée un dimanche au "Corner Bar" lors du coucher de soleil.
Judy, croisée un dimanche au Corner Bar lors du coucher de soleil.

Ils reviennent habituellement entre minuit et une heure du matin, parfois plus tard, mais rarement plus tôt. Ils dorment quelques heures et se réveillent invariablement avant le lever du soleil pour se rendre au marché. Robert est conscient qu’il ne pourra pas garder ce rythme de vie éternellement.

Je voudrais m’acheter un bateau, pêcher le bonito. J’aime beaucoup les plantes aussi et je compte exploiter mon jardin. Je suis doué pour les affaires.

Judy, plus laconique, lance simplement « I don’t make plans ».

[COMPLÉMENT] À partir du 1er avril, les poissonniers ont un mois pour vendre ce qu’ils ont entreposé dans leurs congélateurs. Plus le temps avance, plus la langouste vaudra cher. Au mois de mai, il est illégal de pêcher et de vendre des langoustes et des conques en Jamaïque. La pêche reprend au mois de juin.

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