En attendant l’hiver (en images)

Juin pointe son nez à Negril. Depuis deux semaines, c’est la saison des pluies. Surtout, c’est la saison morte. Peu de touristes, peu de travail. Du temps à tuer, en attendant l’hiver.

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Que ce soit à la plage, sur la route des hôtels ou au marché des artisans, l’absence de touristes est frappante. Les tenanciers et les animateurs des infrastructures commerciales et résidentielles prêtes à recevoir des milliers de touristes ne peuvent que constater la perte d’achalandage (à la page 3).

À la coopérative artisanale, difficile de ne pas se sentir interpellé par les propriétaires de boutiques :

« Venez jeter un coup d’œil, juste un coup d’œil, ça ne coûte rien! C’est très lent ces temps-ci, venez démarrer ma journée. », disent-ils presque systématiquement aux rares touristes qui s’aventurent dans les allées désertes.

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La pluie n’aide en rien. Si les touristes ne sont pas eux-mêmes d’humeur maussade, à l’image de la météo en fin d’après-midi, leur bonne volonté est parfois sapée par un phénomène purement économique : une sur-offre touristique pour un manque de demande. En bref, tous ceux qui gagnaient raisonnablement leur vie durant la saison forte (décembre à mars) se retrouvent devant ce constat : moins de touristes, mais toujours autant de services offerts. Résultat, il est d’autant plus important pour eux de réaliser des ventes auprès des visiteurs hors-saison, de surcroît souvent moins enclins à dépenser (1).

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À certains endroits, comme sur les sections non-commerciales de la plage, certains métiers font relâche, à l’image du nettoyage des déchets portés par les courants qui s’échouent sur la berge. Il n’y a plus de musiciens ambulants, plus de vendeurs de tours de paravoile. Plus de jerk pork à tous les jours, dès 11h, au Bourbon’s Beach.

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En discutant avec des membres de la coopératives des artisans, située à deux pas de la coopérative des pêcheurs qui vit aussi un ralentissement de ses activités, Dolores (la dame aux chapeaux) me confie que :

« L’été est très difficile à Negril, car nous vivons presque tous du tourisme. Parfois, nous ne réussissons pas à économiser suffisamment durant l’hiver et certains doivent aller travailler ailleurs pour ne pas perdre leur loyer ici à la coopérative. De mon côté, je dois me tourner vers mes filles, qui habitent au New Jersey et m’envoient de l’argent à chaque mois. »

Que font les artisans durant ces longues semaines de disette commerciale? Rien ne sert de préparer trop de matériel à l’avance, car plusieurs touristes apprécient voir en direct le travail des artisans ou encore avoir un souvenir personnalisé. Lloydell Fray et Lornette Miller, compagnons en affaires et dans la vie, se résignent à tenir la boutique ouverte, comme la plupart de leurs collègues à la coopérative des artisans.

« Voici notre carte d’affaires, me disent-ils en me tendant un bout de carton à l’effigie de la Rising Star Gallery. Quand vous reviendrez à Negril, la prochaine fois, vous viendrez nous voir. »

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(1) Note : Il s’agit là d’une remarque très personnelle, mais la clientèle touristique hors-saison est souvent plus aventureuse, moins classique au sens entendu par le marketing touristique habituel dans les Caraïbes, à savoir les résidents des tout inclus. De plus, à cause du manque à gagner pour les hôtels, les bars, les restaurants et les discothèques, l’environnement est moins festif et axé vers le tourisme de consommation (excursions, tournées thématiques, événements spéciaux). Le touriste hors-saison connait généralement son milieu, cherche le calme et s’intéresse moins aux activités prévues pour le tourisme de masse.

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